Le cross-docking, aussi appelé « livraison par flux direct » est une technique de plus en plus utilisée par les grandes entreprises. Elle consiste à faire l’économie de l’étape de stockage : une fois la production terminée, les marchandises sont redistribuées aussitôt.
Si cette méthode séduit tant, c’est qu’elle présente énormément d’avantages sur le long cours. Attention toutefois à bien identifier les prérequis pour mettre en place le cross-docking : quelles marchandises s’y prêtent ? Quels types d’entreprises bénéficient le plus de cette stratégie ? Quels impératifs pour la déployer dans sa chaîne de valeur ?
Voici donc un article complet pour comprendre tous les enjeux du cross-docking et l’implémenter sur sa chaîne de valeur.
Comment fonctionne le cross-docking ?
Le cross-docking s’est popularisé dans les années 1930 aux États-Unis. Il est désormais de plus en plus recommandé en Supply Chain et Logistique pour répondre à la volatilité de la demande. Les produits finis sont acheminés du fournisseur vers la plateforme de déchargement où elles sont triées avant la livraison.
Cette méthode permet donc d’éliminer l’étape de stockage du processus d’acheminement et de réduire la manutention au strict minimum.
Voici les étapes clés d’une livraison en cross-docking :
- les produits finis sont transportés jusqu’au quai de l’entrepôt ;
- ils sont déchargés puis triés sur une zone tampon, on identifie les marchandises destinées au cross-docking et celles qui seront stockées ;
- les produits subissent un contrôle visuel et qualité ;
- ils sont chargés sur des palettes pour être livrés dans la journée ou le lendemain.
Les marchandises peuvent être organisées dans les camions selon 2 critères : leurs caractéristiques ou leur destinataire. Lorsqu’une palette est chargée pour un seul destinataire, on parle d’allotissement. Lorsqu’une palette contient les produits de plusieurs destinataires, on parle de cross-docking contre-marqué.
Pour découvrir en détail les rouages du cross-docking et d’autres stratégies d’optimisation de son entrepôt, on vous recommande l’ouvrage « Gestion et Pilotage des stocks », d’Agnès Gorge et Michel Fender.
Le cross-docking : pour quels types d’entreprise ?
La méthode de cross-docking est particulièrement utile aux entreprises qui gèrent des commandes régulières à gros volumes. Ces entreprises s’appuient sur des logiciels de prévision pour planifier en amont la production et la livraison.
C’est le cas de L’Oréal, n° 1 sur le marché des cosmétiques qui répond à une très forte demande toute l’année. L’entreprise pionnière en Supply Chain a fait le choix du cross-docking en France pour acheminer rapidement ses produits.
Les secteurs pharmaceutiques et de la grande distribution commercialisent des produits avec une courte date de consommation et choisissent le cross-docking pour éliminer l’étape de stockage. Cela leur permet, entre autres, de limiter les pertes de produits périmés.
C’est en tout cas le choix d’Eroski, géant de l’agroalimentaire espagnol qui livre 80 % de ses produits le jour J grâce au cross-docking.
Cette méthode peut aussi être utilisée ponctuellement en période de soldes pour répondre efficacement à un pic de commandes en textile, décoration, produits électroniques…
Les avantages du cross-docking
Réduction des coûts
Le cross-docking permet de réaliser des économies considérables sur votre chaîne de valeur. En évitant l’étape de stockage, vous optimisez surtout les budgets RH et énergétiques de votre entrepôt.
Vous mobilisez votre main-d’œuvre sur les activités à forte valeur ajoutée comme le contrôle qualité et le chargement des produits. En revanche, vos collaborateurs n’interviennent plus sur les phases de picking, d’emballage et de manutention en entrepôt.
En choisissant une stratégie 100 % cross-docking, votre entrepôt se convertit en quai de déchargement et de chargement des marchandises. Il n’est donc plus nécessaire de l’alimenter en énergie pour le chauffage, la conservation des marchandises, le fonctionnement des portes automatiques… Une économie qui pèse lourd sur la balance, car les prix du marché s’étendent de 80 €/MWH à 180 €/MWH.
Économie d’énergie
En plus de réaliser une économie financière, le cross-docking vous permet d’optimiser vos dépenses énergétiques et de réduire drastiquement les émissions de CO2 induites par le stockage des marchandises. Sur ce point, les entreprises sont directement visées par le Décret Tertiaire du gouvernement datant de 2019. Il prévoit la réduction des consommations d’énergie des entrepôts de plus 1000 m² d’au moins 40 % d’ici 2030.
Se passer du stockage, c’est aussi réaliser des économies d’énergie sur tous les mouvements de marchandises d’un point à un autre de son entrepôt. Une démarche durable qui répond aux enjeux de la Supply Chain de demain.
Centralisation des produits
La centralisation des produits est indispensable pour répondre à un large panel de clients. Le cross-docking facilite la livraison d’un chargement vers différents clients, mais facilite aussi la livraison d’un seul client s’approvisionnant chez différents fournisseurs. Un avantage compétitif non négligeable qui permet à l’entreprise de servir les grands groupes comme les PME.
Gardez en tête que cette méthode de livraison est complémentaire à une bonne stratégie d’optimisation des transports terrestres. Choisissez les meilleurs prestataires et investissez dans les bonnes solutions digitales pour identifier les meilleurs trajets, les meilleurs schémas de chargement et réduire le vide.
Gestion des marchandises sensibles
Le cross-docking répond aux impératifs des entreprises qui doivent gérer des marchandises sensibles ou difficiles à livrer. Cette méthode permet de gagner un temps précieux dans la livraison de produits périssables, fragiles ou qui nécessitent des conditions de conservation particulières.
Depuis votre quai de « cross-dock », vos collaborateurs peuvent aussi décomposer les marchandises trop volumineuses pour les transporter en pièces détachées. C’est le cas des produits électroménagers à forte rotation qui peuvent tout à fait se passer de la phase de stockage.
Ikea, le leader du meuble en kit, utilise le modèle du cross-docking pour répondre aux exigences de ses consommateurs et proposer un délai de livraison record. Une stratégie payante puisque le e-commerce représentait ¼ du chiffre d’affaires de l’entreprise en 2023.
Les impératifs du cross-docking
Mettre en place son quai de cross-docking
Pour déployer une stratégie de cross-docking, vous devez mettre en place votre quai de « cross-dock » avec :
- un espace dédié au déchargement des marchandises ;
- une zone de centralisation et de tri des marchandises ;
- une zone dédiée au contrôle qualité des produits dédiés au cross-docking ;
- un espace dédié au chargement des marchandises ;
Pensez à investir dans une flotte de véhicules spécifique au cross-docking. On vous recommande d’opter pour des modèles hybrides ou électriques pour améliorer la performance énergétique de votre chaîne. C’est le choix qu’a fait EDF en s’engageant à remplacer 100 % de ses véhicules d’ici 2030.
Gérer ses flux de marchandises
La traçabilité des marchandises est une clé de succès pour mettre en place le cross-docking. Différents outils permettent de garder une bonne visibilité sur chaque étape de votre chaîne de valeur :
- Le WMS ou Warehouse Management System est traditionnellement utilisé au sein des entrepôts de stockage pour centraliser l’ensemble des mouvements de marchandises. Cet outil se déploie aussi très bien sur votre plateforme de cross-docking.
- Le système d’étiquetage que vous choisissez permet de tracer la marchandise : heure d’arrivée, heure de départ, localisation en temps réel, résultat du contrôle qualité… On vous recommande d’opter pour un modèle d’étiquette électronique qui renseigne un grand nombre d'informations et peut être réutilisé.
- Le TMS ou Transport Management System est essentiel pour optimiser votre stratégie de transport en renseignant des informations essentielles : informations de circulation, estimation de l’heure de livraison, recherche du trajet le plus court… Cet outil s’intègre à votre stratégie de cross-docking et répond à vos objectifs de rentabilité et de durabilité.
S’entourer des bons talents
Pour mettre en place un modèle de cross-docking performant et pérenne, il faut constituer une équipe solide et s'intéresser aux métiers émergents en Supply Chain. Les recruteurs sont surtout en quête de responsables logistiques polyvalents et de data analyst. Ils sont capables de collecter et d’analyser les données de la chaîne de valeur pour identifier des leviers d’amélioration.
Ces profils sont complexes à cibler et sont très prisés par les entreprises. Les consultants spécialisés Lynkus vous accompagnent dans le recrutement de ces talents sollicités, qu’ils soient cadres, middle ou plus opérationnels.
Nos experts de la Supply Chain, de la Logistique et des Achats s’appuient sur leur connaissance métier et des outils intelligents pour identifier les talents qui correspondent à vos besoins.
Nous proposons une collaboration en toute transparence dans la définition puis le déploiement d’une stratégie de recrutement compétitive. Nos consultants se tiennent à votre disposition pour vous présenter notre méthode de travail, nos solutions et notre philosophie.
Le cross-docking est une excellente solution pour optimiser son système de stockage et répondre aux enjeux de la logistique de demain. Soyez cependant attentifs aux limites du modèle : le budget de l’implémentation, la coordination complexe entre les différents acteurs et la dépendance aux fournisseurs. N’oubliez pas que cette méthode n’est pas adaptée à toutes les entreprises.
Pour d’autres actualités en Supply Chain, Achats et Logistique, rendez-vous sur notre blog. Et pour découvrir en détail l’expertise Lynkus, n’hésitez pas à nous contacter.
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