D’un profil opérationnel à un profil technique : les clefs pour réussir
Depuis quelques années, les professionnels de la Supply Chain peinent à recruter des talents qui répondent à leurs attentes : compétents, polyvalents, transverses.
Lorsqu’il intègre l’univers industriel, Yann Danesin répond parfaitement aux exigences d’un profil opérationnel performant. Il est rigoureux, fiable et trouve de la satisfaction dans le travail bien fait.
En l'espace de quelques années, ses qualités humaines et sa proactivité lui permettent de se démarquer et de gravir les échelons, jusqu'à se voir confier des responsabilités managériales. Au micro de la Sphère Indus, Yann partage avec nous ses secrets pour progresser en industrie et s’épanouir dans un secteur dynamique.
Yann Danesin, l’industrie comme passion
Yann ne s’est jamais épanoui dans l’univers académique. Diplômé d’un BAC+2 en électronique, il intègre l’univers industriel dès sa sortie d’études. Il commence sa carrière sur une ligne de production en CMS et se prend de passion pour les outils au service de la production.
Après 5 ans chez Continental (ex Siemens), Yann assiste à la révolution industrielle des années 2000 : l’automatisation. Son appétence pour les données et sa curiosité le mènent doucement vers un poste de technicien de ligne.
« J’ai ce goût de la curiosité et de l’apprentissage en continu. » 9min30
Contrairement à d’autres collaborateurs qui l’entourent, il accueille la digitalisation comme une opportunité de réinventer les métiers de Supply Chain et de prendre un nouveau tournant professionnel. Un état d’esprit qui lui ouvre les portes d’une carrière épanouissante.
Surmonter sa peur du changement pour monter en compétences
La résistance au changement : le premier frein à la réussite
Selon Yann, la peur du changement est le premier frein qui empêche les collaborateurs de monter en compétences et de dynamiser leur carrière. Pour lui, tout changement ou progrès est une opportunité d’explorer de nouveaux outils et process de travail.
Les entreprises de la Supply Chain sont d’ailleurs en quête de talents agiles et flexibles qui savent travailler en déséquilibre et mettre à profit toutes les solutions digitales à leur disposition. Ces outils ne doivent pas être perçus comme des obstacles mais comme dispositifs au service de la productivité.
« En tant que manager, j’identifie rapidement aujourd’hui les profils qui m’aident à progresser et aller de l’avant » (13 min).
Comment expliquer la résistance au changement ?
En entreprise, la résistance au changement s’explique de différentes manières. Le cabinet de conseil Wavestone a identifié 6 formes de résistance :
- La résistance identitaire : concerna la relation que l’individu entretient avec l’entreprise et remet presque en cause son appartenance à cette entité.
- La résistance psychologique : concerne la perte de repères et de routines, source d’anxiété et de déséquilibre chez les collaborateurs.
- La résistance politique : le changement est accepté s’il est profitable à l’entreprise et ne remet pas en cause la position du collaborateur.
- La résistance culturelle : concerne les cultures et les valeurs qui fédèrent une équipe.
- La résistance cognitive : se déclenche lorsque le changement nécessite un investissement intellectuel comme un effort de formation par exemple.
Pour mieux anticiper et dépasser la résistance au changement, il est important de bien identifier son origine. C’est une véritable source de ralentissement pour les entreprises et ses talents.
Comment la surmonter ?
Les conseils de Yann Pour aider les collaborateurs à dépasser leur résistance au changement, le management joue un rôle crucial. Yann identifie 2 types de management :
- Le management directif et coercitif qui anticipe toutes les erreurs des collaborateurs.
- Le management pédagogue et confiant qui responsabilise les équipiers.
Yann en est convaincu : la pédagogie et la bienveillance sont des clés indispensables pour faire évoluer son équipe. « L’erreur fait progresser et met en confiance l’équipe. Un management directif est parfois nécessaire, mais on obtient pas du tout la même adhésion. » (17 min40).
Il est également indispensable de mettre en place une culture du feedback dans l’entreprise pour que chaque retour soit intégré rapidement. C’est une excellente solution pour créer un environnement collaboratif et pérenniser le progrès.
Industrie : Les tips pour se démarquer
Yann nous a livré les 5 astuces pour se faire une place dans le secteur industriel et gagner rapidement en responsabilités.
1. Faire preuve de proactivité
Les équipes dirigeantes sont en quête de profils compétents qui se réapproprient leurs missions et s’impliquent dans la croissance de l’entreprise. Cette réalité vaut aussi pour les profils opérationnels. La vision terrain est indispensable pour aborder les problèmes sous un regard neuf et proposer des solutions actionnables. Un collaborateur opérationnel et proactif a deux fois plus de valeur ajoutée pour l’entreprise !
2. Identifier les bons interlocuteurs
Lorsque vous intégrez une nouvelle structure ou un nouveau poste, repérez le ou les collaborateurs chevronnés qui peuvent vous guider. Leur éclairage et leur expérience vous permettent de monter rapidement en compétences et d’éviter les erreurs récurrentes. Si l’entreprise a mis en place un système de mentoring, c’est encore mieux.
3. Ne pas tout faire reposer sur la technique
Aujourd’hui, la compétence technique ne suffit plus à faire un bon profil en Supply Chain. Les entreprises ont besoin de talents polyvalents qui cultivent également leur savoir-être et leur soft skills.« Pour moi, 80% de l’industrie c’est du savoir-être. » 21 min10 Curiosité, écoute, esprit d’équipe, résilience sont autant de qualités que l’on cherche chez une nouvelle recrue.
4. Faire confiance à son bon sens
Pour progresser dans l’univers industriel, Yann a aussi compté sur son bon sens et sa connaissance des méthodes de Lean. Les jeunes talents ont tendance à capitaliser énormément sur les solutions digitales, là où l’esprit critique et l’analyse sont parfois plus efficaces. Documentez-vous, passez du temps sur le terrain et faites-vous confiance. C’est votre approche à la fois humaine et pragmatique qui vous permettra d’acquérir de nouvelle responsabilité et de prétendre à des postes managériaux.
5. Célébrer les victoires avec son équipe
Avoir un mindset de manager, c’est aussi savoir reconnaître les succès de son équipe. Yann n’hésite pas à responsabiliser ses équipiers en proposant par exemple aux profils opérationnels de présenter leurs suggestions au comité de direction. Un moyen de donner plus d’importance et de poids aux équipiers terrain et répondre à leur quête de sens. Les réussites de chacun sont évidemment célébrées en équipe !
Les défis du manager : immersion dans le quotidien d’un manager en production
La data, le premier levier pour collaborer
Pour inviter ses collaborateurs à travailler ensemble, le manager doit sans cesse leur rappeler qu’ils poursuivent un objectif commun. Pour partager les ambitions de l’entreprise et booster la productivité, Yann compte sur la transparence des données.
Par exemple, il remarque qu’une ligne de production fonctionne en sous-régime et décide donc de traquer sa productivité. Résultat : un TRS de 52%. En installant un outil de tracking, le manager affiche clairement sa volonté d’optimiser sa performance et envoie un message clair pour mobiliser ses équipes.
« Tu peux déjà gagner 10% à 15% de productivité en installant l’outil et en rendant les résultats accessibles et visibles de tous. » (30 min).
Voici quelques tips de Yann pour tirer le meilleur profit de la data :
- Communiquer les chiffres de façon visuelle en utilisant des outils de reporting.
- Fixer des objectifs clairs et les rappeler régulièrement à ses équipiers (par exemple, un TRS de 90%).
- Inviter son équipe à se réapproprier les solutions de tracking pour suivre leur propre performance et monter en compétences de façon autonome.
- Adopter le bon état d’esprit : les metrics sont des outils pour progresser, non des moyens de surveiller les équipiers
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Automatisation de la Supply Chain : comment convertir son équipe ?
Certains collaborateurs se sentent menacés par l’apparition des solutions digitales en industrie. Leur inconfort trouve plusieurs sources :
- peur de ne pas disposer des connaissances suffisantes ;
- peur d’être moins performant que les solutions digitales ;
- peur d’être bousculé dans leurs habitudes de travail (résistance au changement).
Le rôle du manager est aussi d’apprendre à son équipe à travailler avec les outils digitaux qui permettent, entre autres, d’automatiser les tâches avec le moins de valeur ajoutée. Sécurité, gain de temps, réduction du nombre d’erreurs… Il est important de rappeler aux talents opérationnels les apports de la technologie.
« Mon rôle c’est de mettre les outils au service des collaborateurs et de leur montrer comment les solutions digitales peuvent améliorer leur quotidien. » (37min30).
Par exemple, identifiez avec vos équipiers 1 ou 2 problèmes opérationnels très concrets et trouvez comment les outils disponibles peuvent faciliter leur résolution. A terme, les équipiers perçoivent que le digital ne se substitue pas à leur savoir-faire, il leur est complémentaire.Être agile avec les solutions innovantes La Supply Chain est un secteur dynamique en constante évolution. Il existe cependant une grande disparité en France dans le niveau de digitalisation et de modernisation des systèmes de production. Un bon manager maîtrise à la fois les process traditionnels et les outils à la pointe de la technologie ( BigData, Intelligence Artificielle, réalité augmentée…).
Yann nous rappelle d’ailleurs qu’avant d’investir dans des solutions de pointe, il faut s’assurer d’avoir des fondations solides : des process clairs et une vision commune.
« La plupart du temps ce n’est pas un problème de personne, c’est un problème de process et de vision. » (1h01).
Un enseignement clé pour toutes celles et ceux qui souhaitent évoluer dans l’univers industriel. Pour découvrir en intégralité le parcours de Yann et toutes ses anecdotes, rendez-vous sur les plateformes d’écoute.